Enseignant

Walter Bruyère-Ostells

Professeur des Universités
Walter Bruyère-Ostells

À l’approche de la 1ère édition du Grand Colloque Sécurité Internationale organisé à Sciences Po Aix le samedi 3 décembre 2022, Walter Bruyère-Ostells, Professeur d’histoire contemporaine, présente les grands enjeux de l’événement.

Placé sous le haut parrainage du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères de la République française, cet événement réunira de hauts responsables gouvernementaux français et étrangers mais également des personnalités politiques, diplomatiques, économiques et universitaires internationaux. Pourquoi est-il plus que jamais indispensable de d’évoquer la sécurité internationale ?

Le monde est globalement devenu plus instable depuis la fin de la Guerre froide. Simplement, les enjeux de sécurité deviennent beaucoup plus aigus ces dernières années pour deux raisons principales. La première renvoie à la prise de conscience de menaces globales liées à l’anthropocène (cela peut être des pandémies comme le Covid mais aussi tout ce qui relève des enjeux climatiques par exemple). La seconde repose sur le constat d’une “désoccidentalisation” des centres de gravité mondiaux qui s’accompagne notamment par la contestation de plus en plus ouverte de règles et valeurs édictées à l’échelle internationales aux lendemains de 1945 (l’invasion russe de l’Ukraine en est l’exemple le plus frappant mais les aides au développement proposées par la Russie ou la Chine à des États des Suds sans contre-partie en termes de démocratisation ou de bonne gouvernance pourraient en être un autre).

Enjeux et pistes de réflexions sur la frontière sud de l’Europe en termes de défis pour la sécurité collective, quels sont les temps forts du programme ? 

Les enjeux sont bien connus. Ils seront mis en cohérence par le secrétaire général de l’OTAN qui nous fera l’honneur d’ouvrir la journée. Ils reposent en partie sur la réarticulation juridique, sociale et politique des souverainetés autour de ce que doivent être les frontières car ces aspects ont été mis à mal par la pandémie et les tensions qu’elle a suscitées dans sa phase la plus aigue. Mais on le voit encore ces jours-ci avec l’épisode de l’Ocean Viking. Sur ces enjeux il sera notamment crucial pour nous Européens d’entendre l’ambassadeur de Tunisie en France.

Les ressources sont un enjeu réactivé par la guerre en Ukraine mais étaient déjà un enjeu majeur en Méditerranée orientale qui est centrale à l’échelle régionale dans les relations entre “compétiteurs stratégiques (Union européenne, Russie et Turquie notamment). Le regard du diplomate égyptien et de l’amiral turc Cem Gurdeniz seront là aussi très stimulants. Il s’agit également de trouver les mécanismes pour mieux stabiliser et aider au développement des pays en Afrique ou au Proche-Orient notamment afin que les crises qui y existent aujourd’hui ne “débordent” pas en venant constituer des menaces en ou pour l’Europe (Mali/Sahel par exemple, Libye) en raison d’une hybridité de certains acteurs comme si comportent à la fois porteurs d’un discours politico-religieux mais aussi comme participant aux trafics des organisations criminelles transnationales (drogues, armes,…) et comme support du terrorisme.

Enfin, le dernier enjeu est de répondre aux défis du développement sur les rives sud et est de la Méditerranée, notamment en ayant des formes de gouvernance pour la zone. Cet enjeu est identifié depuis 1995 avec les projets d’Euroméditerranée.

Pourquoi, selon vous, était-ce si important que ce colloque soit organisé par Sciences Po Aix ? Les thématiques de la défense, la Méditerranée et des relations internationales sont au cœur des enseignements de l’École, pourquoi il faut impérativement que nos étudiants ne manquent pas ce grand rendez-vous ?

Je crois qu’il est important que ce colloque se tienne à Sciences Po Aix car cela fait partie des éléments d’identité de notre École de faire dialoguer enseignants-chercheurs et professionnels de haut niveau au bénéfice des étudiants, d’être un espace de débat sur les grands sujets contemporains (on peut penser aux conférences ouvertes au public extérieur qui nous distingue de l’université, au cycle Sciences Po Aix dans la cité,…). Si l’on va un peu plus loin dans les spécificités de Sciences Po Aix par rapport à d’autres établissements, l’espace méditerranéen est celui qui concentre nos thématiques d’enseignement et de recherche, sur lequel nous sommes donc particulièrement légitime à porter des événements et à en faire bénéficier nos étudiants. De la même façon, les enjeux internationaux sont à Sciences Po Aix plus qu’ailleurs traités sous l’angle de la sécurité internationale et des questions de défense : ces thématiques nous identifient me semble-t-il notamment autour de l’équipe de l’axe 5 du laboratoire Mesopolhis (auquel je me rattache moi-même) en termes de recherche et en termes d’enseignement de niveau master (Mastère spécialisé Renseignement, GDSI mais aussi Expertise en Relations internationales notamment). 

Je n’ai pas d’inquiétude sur l’intérêt qu’y trouveront les étudiants quand on regarde le programme. Pour proposer des séminaires avec des professionnels en master notamment, des conférences avec des personnalités du monde de la défense – et j’ai notamment souvenir d’une conférence pour laquelle les deux amphis n’avaient pas suffit à répondre aux demandes – je sais qu’ils savent très bien lire un programme d’événement et comprendre la formidable opportunité d’écouter, de questionner, de dialoguer avec des personnalités de ce niveau. Enfin, malheureusement, l’actualité parle pour nous : un événement de ce type est indispensable pour mieux comprendre les enjeux de notre sécurité dans un monde instable.