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Enseignant

Serge Cholley

Officier général - Directeur Défense et Sécurité à Eutelsat - Responsable du Mastère et Certificat Renseignement

Le général Cholley, fort de son expérience, est notre portrait de la semaine ! Prenez le temps de découvrir son parcours dans les domaines de la Défense et surtout son implication dans le certificat Renseignement ouvert à Sciences Po Aix.

Pouvez-vous vous présenter ? Quel est votre parcours académique et professionnel ? 

Officier général, j’ai alterné, au cours de ma carrière militaire, les postes en opérations et dans le Renseignement. Diplômé ingénieur de l’école de l’air, j’ai ensuite étudié le chinois à l’INALCO et à Hong Kong University. J’ai été engagé en opérations militaires en Afrique, au Proche et Moyen-Orient et en Afghanistan. J’ai également été attaché militaire, à deux reprises, en Chine. Je suis actuellement le directeur Défense et Sécurité de l’opérateur spatial français Eutelsat.

Vous dirigez le certificat d’études “Renseignement” aux côtés du professeur Walter Bruyere-Ostells. Comment vous est venue l’idée de créer cette formation à Sciences Po Aix ?

Ayant occupé de nombreux postes dans le Renseignement et ayant été sollicité pour des conférences et des témoignages dans des établissements universitaires, j’avais regretté l’absence en France de cours entièrement consacrés au Renseignement. Par Renseignement, j’entends du Renseignement sous toutes ses facettes : militaire, que je prétends maîtriser, mais aussi clandestin, diplomatique, économique, financier et de sécurité intérieure. Au contraire des États-Unis ou de la Grande-Bretagne, la France affichait un certain retard en la matière. Là-bas les services de renseignement bénéficient d’un réel prestige et d’une proximité avec le monde académique, ce qui encourage la réflexion, les études conceptuelles et doctrinales ainsi que leur attractivité.

Le directeur de Sciences Po Aix, Rostane Mehdi, était également convaincu de l’importance de développer une véritable école de la pensée française en la matière, laquelle se distinguerait des anglo-saxonnes qui monopolisent la réflexion dans le monde. Grâce à son excellent accueil, nous avons décidé de commencer par un certificat universitaire de 66 heures de cours pour des étudiants en Master, mais aussi des cadres professionnels du privé comme des services. Le succès de la première promotion et l’appui de l’Académie du renseignement (un service du Premier ministre) nous a ensuite conduit à ouvrir un Mastère spécialisé de 450 heures de cours qui se finalise par un stage diplômant de quatre à six mois en rapport avec le Renseignement. 

Quels sont les points forts de la formation selon vous ? À qui est-elle destinée et comment y candidater ?

Le certificat universitaire, qui se déroule uniquement en présentiel les vendredis soirs et les samedis entre octobre et février, découle d’une sélection qui se fait sur dossier auprès de l’administration de Sciences Po Aix (via Monsieur Frédéric Chardin). La formation se déroule en fin de semaine afin de permettre aux cadres professionnels de suivre les cours. Ces cours s’inscrivent dans les règles de “Chatham House” afin de réglementer la confidentialité des informations échangées. Ils sont dispensés par des professionnels reconnus du Renseignement et des témoins prestigieux. L’enseignement est professionnalisant et va à l’essentiel à partir de nombreuses études de cas et d’expériences vécues.

La session 2023-2024 s’est terminée le 03 février dernier. Elle s’est soldée notamment par un exercice de simulation pour les étudiants inscrits. Pourquoi avoir choisi ce format d’évaluation ? 

Le certificat universitaire est sanctionné par un examen qui consiste en une évaluation individuelle sous forme d’un QCM de 60 questions en 60 minutes, suivi d’une évaluation par groupe dans le cadre d’un Serious Game dont le scénario repose sur l’actualité. Cette forme d’évaluation a le mérite d’obliger les étudiants à travailler en groupe, à faire appel aux connaissances acquises sur la communauté du renseignement en France et à bien appréhender les responsabilités et périmètres de chacun des services, pour en mesurer les forces et les limites.

Quels sont vos souhaits pour les étudiants diplômés et quelles perspectives d’évolutions du certificat envisagez-vous ?

J’ai le sentiment du devoir accompli lorsque les étudiants expriment leur satisfaction et surtout lorsque j’apprends qu’ils ont rejoint pour certains, les services de renseignement ; pour d’autres, les département de la sûreté de grands groupes privés ; ou qu’ils se sont lancés dans des travaux universitaires sur le thème du renseignement. 

Il n’y a pas d’évolutions notables prévues dans un proche avenir pour le Certificat universitaire, si ce n’est l’augmentation du nombre d’inscrits, compte tenu de son succès et du nombre de candidats en progression constante.

En revanche, en plus de l’enseignement qui comprend le certificat et le mastère spécialisé, nous avons créé une Chaire dont je partage la direction avec Walter Bruyère-Ostells. La chaire comprendra notamment un pilier recherche pour accueillir des doctorants dont le sujet de thèse portera sur le renseignement, ainsi qu’un pilier de rayonnement et de diffusion pour organiser des workshops, des universités d’été sur le thème du renseignement et pour publier des articles. Je ne manquerai pas de faire signe aux étudiants du certificat pour y contribuer.