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Roland Weil

Représentant du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés - Diplôme de Sciences Po Aix, Études approfondies "Monde arabe" - 1986

Diplômé de Sciences Po Aix en 1987, Roland Weil a mené l’essentiel de sa carrière au sein du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR). Après plus de trente ans en poste, il revient sur son parcours, et délivre ses conseils aux étudiants intéressés par cette voie.

Quel est votre parcours académique ?

Mon parcours académique est le suivant :

1985. Diplôme de Sciences Politiques, Aix-en-Provence

1986. Diplôme d’Etudes Approfondies en Sciences Politique « Monde Arabe », Aix-en-Provence

Que vous a apporté Sciences Po Aix ?

Je crois que la rigueur des études et plus particulièrement la préparation pour l’examen du Grand Oral sont ce qui m’a été du plus grand secours pendant ma carrière. La capacité de bucher de multiples sujets tous azimuts, d’en établir une présentation logique et argumentée en très peu de temps, d’avoir une réponse aussi intelligente que possible sans oublier de pouvoir aussi savoir se taire ou d’admettre que l’on ne sait pas tout ont été déterminant sur la façon dont j’ai pu répondre aux différentes situations tout au long de ma carrière. Je dois aussi à tous les professeurs mais plus particulièrement au Professeur Bruno Etienne d’avoir essayé de garder un esprit critique et quand nécessaire de remettre en question l’ordre des choses tout en proposant des solutions.

À quoi ressemblait votre quotidien ? Quelles étaient vos missions ?

J’ai fait toute ma carrière professionnelle au sein du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR). J’ai été embauché en 1987 sous un contrat de « Junior Professional Officer -JPO- / Administrateur Auxillaire », financé par le gouvernement français, pour une durée de deux années à Djibouti. J’étais gestionnaire du programme d’assistance pour les réfugies éthiopiens et somalis.

À la fin de mon contrat JPO, j’ai travaillé deux années comme Consultant Juridique en Malaisie et à Hong Kong où je faisais la détermination du statut de réfugiés des demandeurs d’asile vietnamiens.

Puis j’ai obtenu un contrat régulier en tant qu’administrateur des programmes d’assistances aux réfugiés et aux personnes déplacées tout d’abord à Belgrade, dans ce qui était à l’époque l’ex-Yugoslavie puis aux réfugiés Afghans à Peshawar, au Pakistan.

Mon poste suivant fut à Bangkok, en Thaïlande, où je m’occupais du rapatriement volontaire de réfugiés Cambodgiens, Laotiens et Vietnamiens vers leur pays d’origine ou à leur réinstallation vers les Etats Unis d’Amérique, le Canada, l’Australie ou l’Europe.

Par la suite, j’ai été en charge de la Protection internationale des réfugiés en République Centrafricaine, en Serbie-Monténégro, au Népal, en Chine, au Soudan, en Afghanistan, en Ukraine et en Iraq.

J’ai été une fois seulement en poste au siège du HCR à Genève en tant qu’administrateur en charge de relations avec les autres agences de Nations Unies.

À partir de 2012, je suis devenu Représentant (équivalent à un chef de mission diplomatique) du HCR en Bulgarie, puis en Haïti, ensuite auprès du Conseil de l’Europe à Strasbourg et finalement au Bélize qui a été mon dernier poste avant mon départ à la retraite en juin 2021.

Pourriez-vous nous parler de votre engagement ?

J’ai eu énormément de chance de faire carrière dans le domaine humanitaire et dans le système des Nations Unies. Prémonitoire, mon Mémoire de Sciences Politiques portait sur « L’aide internationale aux réfugiés Afghans ». J’en avais envoyé une copie au Siège du HCR et peut-être que cela à fait une différence dans leur décision de m’embaucher. Comme mon rêve personnel était de pouvoir voyager et de voir le monde, je peux dire que j’ai été comblé de ce côté-là. De plus travailler dans l’humanitaire, dans un environnement et des problématiques constamment en changement, avec des collègues venant du monde entier, savoir que l’on essaie de faire une différence pour le mieux dans la vie des gens est véritablement enrichissant et gratifiant.

Naturellement cela n’a pas toujours été facile, particulièrement pour mon épouse qui a souvent dû mettre sa carrière professionnelle entre parenthèses en me suivant aux quatre coins du monde ainsi que pour mes enfants qui ont dû changer fréquemment d’écoles et d’amis. Sans oublier les postes dangereux où ma famille n’était pas autorisée à m’accompagner.

Quels sont vos projets pour l’avenir ? Des défis à relever dans les prochaines années ?

Mon projet pour l’avenir ? Profiter de ma retraite, visiter la France que je connais très mal et continuer à voyager aussi longtemps que Dieu me prête vie.

Un dernier conseil pour les étudiants ?

Pour ceux qui voudrait faire une carrière au sein des Nations Unies, il faut savoir que c’est très difficile actuellement d’y entrer mais ce n’est pas impossible. Une voie qui existe toujours encore est celle de JPO qui a lancé ma propre carrière. Les Agences du système des Nations Unies couvrent tellement de domaines, que toutes les études, juridiques, scientifiques, de gestions, de journalisme, médicales peuvent ouvrir des opportunités de carrière.

En ce qui concerne le HCR, les études de Sciences Politiques, de droit (en particulier le droit des réfugiés / droit humanitaire), de gestion de programme, de logistique sont de bonnes voies à suivre. Comme partout il est préférable aujourd’hui d’avoir une expérience professionnelle pour étoffer un CV. Je ne peux que recommander de faire du volontariat pendant vos études auprès d’association caritative ou d’obtenir un poste pendant quelques années dans des ONG. Il y a aussi la possibilité de devenir stagiaire dans les différentes représentations du HCR, plus particulièrement en Europe. Finalement, il est indispensable de parler, lire et écrire à un excellent niveau l’Anglais. Parler une (ou plusieurs) des autres langues des Nations Unies, Arabe, Chinois, Espagnol et Russe est un atout supplémentaire. Et si vous parlez d’autres langues, ce sera toujours apprécié.