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Professeur invité

Isil Turkan

Professeure associée en sociologie à l'Université de Yeditepe - Docteure en science politique à Sciences Po Aix - 2015

Anciennement doctorante en science politique à Sciences Po Aix, Isil Turkan est aujourd’hui Professeure associée en sociologie à l’Université de Yeditepe à Istanbul. “Visiting Professor” à Sciences Po Aix jusqu’au 18 décembre, elle a répondu à nos questions sur son métier et ses sujets de recherche.

Pouvez-vous nous présenter votre parcours de formation et de chercheuse ? 

Je suis diplômée de sociologie de l’Université Galatasaray à Istanbul. Puis j’ai eu mon Master en science politique à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne en 2009 et enfin mon doctorat de science politique en 2015 à Sciences Po Aix. En 2015, après avoir travaillé pendant 3 ans en tant qu’assistante de recherche à l’Université Bahçeşehir, je suis devenue Maîtresse de conférences au département francophone de science politique et relations internationales de l’Université Yeditepe.

Dans quel cadre Madame Dilek Yankaya, Professeure à Sciences Po Aix vous a-t-elle invitée du 17 novembre au 18 décembre (enseignements à Sciences Po Aix, travaux de recherche, événements liés à la recherche, conférences…) ?

Madame Yankaya m’a invité dans le cadre d’un enseignement de communication politique pour les étudiants internationaux. Avoir des étudiants venant des quatre coins du monde, et échanger avec eux à travers des études de cas concrets sur ce sujet interdisciplinaire est une expérience très enrichissante pour moi. Nous envisageons aussi de nouvelles collaborations, en plus de notre échange Erasmus, comme des projets de recherche ou enseignement collaboratif entre l’Université Yeditepe et Sciences Po Aix.

Sur quel(s) objet(s) de recherche travaillez-vous en tant que Professeure de sociologie et de sciences politiques ?

J’ai travaillé sur les rapports entre médias et politique depuis le Master. Actuellement, je me penche plutôt sur la participation et socialisation politique des jeunes en Turquie et de la diaspora turque en France. Je suis chercheuse dans un projet conjoint TÜBİTAK-Bosphorus du Ministre des Affaires Étrangères de France, intitulé “La Migration Turque en France : cartographie de la mobilité et de la participation”, co-dirigé avec Gökçe Bayındır Goularas de l’Université Yeditepe et Ségolène Débarre de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Je travaille également sur la sociologie électorale avec une perspective de communication politique et sur l’intégrité électorale. De nouvelles publications sont en cours sur ces sujets-là.
Je viens d’être nommée membre du conseil exécutif du comité de recherche Sociologie Politique au sein de l’Association Internationale de Sociologie (AIS) et de l’Association Internationale de Science Politique (AISP). Cela va ouvrir de nouvelles pistes de recherche et donner lieu à de nouvelles collaborations internationales.

Vous travaillez à l’université de Yeditepe en Turquie. En relation avec votre objet de recherche, observez-vous des différences entre le champ académique français et le champ académique turc ?

D’après mon expérience et mes observations, le champ académique a presque les mêmes difficultés partout dans le monde : de longues heures d’enseignements ne laissent pas de place pour la recherche. De plus pour les sciences sociales, il y a, malheureusement, très peu de fonds de recherche, ce qui empêche vos circulations, donc vos échanges académiques et votre créativité.

En 2015, vous avez soutenu une thèse à Aix-Marseille Université sur le métier de chroniqueur politique en Turquie de 1980 à 2014. Votre état des lieux du journalisme turc a-t-il évolué depuis 2015 ? Les relations entre journalistes et pouvoir politique ont-elles connu de nouvelles dynamiques ? 

Bien sûr il y a des nouvelles dynamiques ! Sur le fond, rien n’a changé, mais sur la structure de l’application du métier journalistique il y a des nouveautés. Grâce au développement des réseaux sociaux, le journalisme, surtout politique, a trouvé de nouveaux espaces comme YouTube. Les journalistes qui ne peuvent pas être rémunérés dans les médias conventionnels, dits “d’establishment“, continuent leurs activités journalistiques sur des chaînes YouTube. De plus, le nombre des groupes médiatiques d’opposition a augmenté depuis 2015.

Certains de nos étudiants se destinent à la recherche après leurs études. Quels conseils leur donneriez-vous pour se préparer à cet univers à la fois exigeant et passionnant ?

C’est passionnant parce qu’on est libre de choisir notre objet de recherche ! Et la curiosité intellectuelle peut vous emmener vers des pistes lointaines et inattendues. En plus c’est un processus d’apprentissage sans fin… Le côté difficile, c’est de trouver une bonne équipe et des fonds pour conduire la recherche que vous voulez. Je peux conseiller aux nouveaux diplômés de rester attachés à leurs passions, d’entrer dans les réseaux du monde académique et de participer à des projets de recherche pour pouvoir développer leur capacité de chercheur et leur capital social.