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Lili Auriat & Garis Gentet

Étudiants - Master 1 Métiers de l'Information - 2024

À l’occasion de la parution du Chicane #15, Lili et Garis, étudiants du Master 1 Métiers de l’information reviennent sur la préparation et la rédaction de ce numéro dédié aux usages de ChatGPT.

Pourriez-vous vous présenter ?

Lili : Je m’appelle Lili Auriat, je suis en Master 1 Métiers de l’information et également co-rédactrice en chef avec Margaux Audinet de Chicane pour cette année. En dehors de ça je suis aussi manitou rugby au sein des All Bl’Aix. L’année dernière, j’ai effectué un stage dans la rédaction londonienne du PetitJournal.com au premier semestre, puis j’ai passé un semestre à l’université ITESO à Guadalajara.

Garis : Et moi c’est Garis Gentet, étudiant dans le même master que Lili. J’étais le président du Bureau des Médias il y a deux ans maintenant. L’an passé, j’ai effectué ma troisième année en échange universitaire à l’Arizona State University aux Etats-Unis. L’été dernier, j’ai travaillé deux mois à Radio Vinci Autoroutes et dans quelques mois, je couvrirai le Festival d’Avignon pour L’Humanité.

Vous publiez aujourd’hui le 15e numéro de Chicane, le magazine du Master 1 Métiers de l’Information de Sciences Po Aix. Pourquoi avoir consacré cette édition à Chat GPT ?

Lili : Ce thème a été décidé en collaboration entre les élèves du cours et nos encadrants au mois de janvier. Je pense qu’on s’est tous accordés pour dire que le thème de Chat GPT posait beaucoup de questions depuis quelques mois, et que ça allait sûrement encore continuer un moment. Donc avec Chat GPT on rentrait dans une actualité de long terme, qui inquiète et perçoit beaucoup d’idées reçues. L’IA est un thème tellement complexe et technique qu’on a souvent du mal à démêler le vrai du faux. Notre objectif avec ce Chicane c’est d’apporter notre petite pierre à l’édifice pour essayer d’éclairer un peu tous les débats qu’on a pu entendre.

Garis : J’avais proposé comme thème la réduction du temps de travail mais dans le contexte anxiogène qui entoure actuellement la réforme des retraites, on a préféré prendre un sujet qui attisait notre curiosité. A ce moment-là, il y avait une sorte de panique générale autour de cette intelligence artificielle. Dans les médias, journalistes et politiques poussaient des cris d’orfraies sur un chatbot dont le fonctionnement et les conséquences importaient moins que le sentiment de se sentir remplacé par la machine. On a donc voulu faire un pas de côté, tracer notre propre chemin, s’intéresser à des facettes de l’IA qui n’avaient pas été explorées ailleurs pour proposer une analyse concise mais complète de ce qu’on considère comme un saut technologique plus qu’une révolution.

Comment s’est déroulée la recherche, préparation et rédaction des différents articles ? Quelles conclusions en tirez-vous ?

Lili : Les sujets ont été décidés collectivement puis les articles ont été répartis entre nos rédacteurs en fonction des intérêts personnels. On a vraiment essayé de couvrir la controverse le plus largement possible, en se penchant sur des questions de fonctionnement technique et de digital labor, mais aussi sur les changements sociaux et professionnels que pourrait entraîner ChatGPT, etc. Et je pense que sans se concerter, nous sommes un peu tous arrivés aux mêmes conclusions : l’IA est très perfectible et qu’elle est complètement dépendante des pratiques humaines. L’IA c’est un peu notre reflet mais c’est nous qui l’autorisons à l’être, donc toutes les inquiétudes qu’elle peut provoquer ne sont pas toujours justifiées.

Garis : Pour ma part, je me suis chargé d’une petite nouveauté pour ce Chicane : l’élaboration d’un “Labyrinthe” qui s’inspire du format éponyme créé par le journal Epsiloon. Le principe est simple : dérouler une controverse complexe sous forme de labyrinthe avec des chemins représentant autant d’enjeux autour de l’intelligence artificielle (géopolitique, économie, environnement mais aussi des questions plus philosophiques et éthiques). L’idée est également de faire un travail de fact-checking avec des chiffres provenant de sources vérifiées et recoupées. Puis Judith Chouzenoux et Margaux Hujda, nos directrices artistiques, se sont occupées du superbe design final. Je retiens de ce labyrinthe que l’IA n’est pas uniquement un enjeu technique mais plutôt une controverse transversale aux conséquences que l’on ne soupçonne pas sur l’emploi, l’environnement ou encore le jeu géopolitique mondial.

Selon vous, quelle place pour Chat GPT et pour l’intelligence artificielle dans le milieu universitaire ?

Lili : Alors c’est un avis très personnel et mon camarade ne serait peut-être pas d’accord mais je pense que ce qu’on retire de nos recherches c’est que ChatGPT c’est avant tout un allié. Et je pense que toutes celles et ceux qui ont essayé ChatGPT pourront le confirmer. Chat GPT ne remplace pas la réflexion humaine, il ne peut pas rédiger les travaux de recherche de long terme qui sont demandés en études supérieures. C’est une source d’information que l’on utilise, comme par exemple Wikipédia. Dans notre Master, on s’est évidemment beaucoup intéressé à la relation entre l’IA et la profession de journaliste. Pour moi, il n’y a pas vraiment de compétition. Chat GPT ce n’est pas « agréable » à lire, ça ne remplace pas un style d’écriture, ça ne fait pas de satire, ça n’a pas d’avis. Le système universitaire doit peut-être adapter son mode d’évaluation à ce type de progrès, mais ChatGPT n’est pas notre concurrent, il est juste une aide supplémentaire.

Garis : Selon moi, interdire Chat GPT dans le milieu universitaire est une aberration. Je suis d’accord avec Lili sur le fait qu’il faut le considérer comme une aide plutôt qu’une menace. Personnellement, je pense qu’il pourrait tout à fait intégrer les enseignements prodigués à Sciences Po Aix ou ailleurs. En amphithéâtre, où le contact avec l’enseignant est parfois moins aisé, un élève pourrait très bien demander à Chat GPT des précisions sur un auteur, une référence ou un concept qu’il ou elle a mal compris. Même chose du côté des professeurs : on pourrait imaginer des exercices pratiques de génération de texte ou d’images selon des consignes données en cours. Mais pour le moment, nous ne pouvons pas observer précisément les conséquences concrètes de ces IA tant c’est assez nouveau. En ce qui me concerne, j’ai tendance à être plutôt optimiste et voir le bon côté des choses !