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Eliott Mogenet

Diplômé en juin 2021 de Sciences Po Aix, Eliott Mogenet a très tôt osé emprunter la voie de l’entrepreneuriat. Dès la fin de sa 3A, il se lance dans la création de sa première start-up « Smart Prépa ». Il est aujourd’hui le co-fondateur de la start-up américaine Safary, qui vise à proposer une alternative plus responsable en open source aux cookies sur le net.

Comment avez-vous découvert votre « fibre » entrepreneuriale ?

Lorsque je suis entré à Sciences Po Aix, je souhaitais faire de la politique. Or, un stage d’une semaine au Sénat à l’Assemblée des français de l’étranger en première année m’en a rapidement dissuadé. Cette courte observation au sein de l’assemblée consultative m’a permis d’observer la politique au niveau national, en assistant à des rencontres au Sénat. J’ai alors compris qu’à ce niveau, il était difficile de faire bouger les choses et que les gens qui, selon moi, pouvaient vraiment créer de la valeur étaient davantage des entrepreneurs.

Alors que j’observais une certaine lenteur dans la prise de décision lors de mes expériences dans le service public, je me suis rendu compte que je préférais le monde des start-ups, dans lequel, au contraire, les choses avancent très vite.

J’ai alors réalisé, à la fin de ma première année, un stage obligatoire de 6 semaines dans une start-up à Paris, ce qui a immédiatement confirmé mon impression. Mes ambitions professionnelles se sont donc fixées très tôt, et j’ai continué à mûrir mon projet jusqu’à créer ma propre start-up en 3A.

Pouvez-vous développer votre aventure Smart Prépa ?

J’ai alors démarré de zéro dans la création de ma première entreprise. Bien que j’étais en contact avec des dispositifs d’accompagnement entrepreneurials tels que « Pépite », j’ai décidé de lancer mon projet par mes propres moyens. Lors de mon échange à Durham University, j’ai lancé à 20 ans Smart Prépa, une solution en ligne de préparation pour les concours post-bac et notamment les concours de Sciences Po.

Alors que les préparations aux concours étaient principalement en présentiel à cette époque, cette solution a très bien fonctionné. J’ai adopté le statut d’étudiant auto-entrepreneur et me suis retrouvé à la tête d’une start-up florissante que j’ai développé pendant 3 ans. À la fin de mon échange, j’ai posé une année de césure pour monter ma boîte à Paris et recruter de nouveaux collaborateurs. En parallèle, j’ai suivi une licence de gestion à Assas, en partie car Sciences Po n’avait pas encore reconnu les césures entrepreneuriales.

Enfin, en Master 1 Affaires internationales, Smart Prépa a continué de se développer. À la fin de mon M1, j’ai pourtant décidé de revendre mon entreprise, profitant du contexte de la crise sanitaire. Avec le confinement, l’éducation en ligne a explosé et beaucoup d’acteurs se sont tournés vers une solution digitalisée. J’ai alors confortablement revendu ma première start-up et obtenu le Master entrepreneur conjoint à Polytechnique et HEC. Diplômé de ce Master en juin 2021, j’ai pris un mois de repos, puis j’ai décidé en août 2021 de créer une deuxième entreprise, aux États-Unis cette fois.

Avez-vous vécu un véritable « American Dream » ?

J’ai pris un one way ticket pour San Francisco. J’ai rencontré un co-fondateur américain et on a lancé une société ensemble. Le projet peut paraître simple lorsque je le résume ainsi en une phrase, mais je dois bien avouer qu’il s’agissait quand même d’un pari risqué.

Toujours en quête de challenge, j’ai choisi les États-Unis comme nouveau terrain de jeu, après avoir expérimenté le marché entrepreneurial français. Je ne connaissait personne là-bas : j’ai peut-être fait HEC, mais c’est plus difficile de le faire valoir qu’Harvard ou Stanford. La culture entrepreneuriale y est également différente : il y a de la compétition aussi, mais les gens sont plus amenés à prendre des risques, à faire confiance, à financer des entreprises, notamment dans le domaine de la technologie.

J’ai rencontré mon associé lors d’un évènement organisé à San Francisco autour du monde de la Tech et nous avons lancé ensemble une entreprise à propos de la traçabilité sur Internet. Autrement dit, nous avons créé une alternative aux cookies sur le web. Les cookies que tout le monde connaît vont disparaître en 2024. Google va faire en sorte de les remplacer par une autre solution. Nous, on veut créer une solution qui soit open source et plus « privacy friendly ».

Après avoir démarré l’entreprise aux États-Unis, j’ai voyagé pendant deux ans en Amérique latine pour rester sur le même fuseau horaire. Puis, je suis retourné à Paris pour m’installer dans un bureau à la Station F.

Et aujourd’hui, quel est votre quotidien ?

De toute mon équipe, je suis le seul à résider Europe ! Je commence le matin par étudier ce qu’il s’est passé pendant la nuit. À partir de 14h, je débute des réunions techniques avec mon équipe et avec des clients sur la partie dont j’ai la charge, autrement dit les produits et aspects technologiques de la start-up.

Le projet est en cours de création du produit. Si nous avons, avec mon associé américain, d’abord lancé la solution sur nos propres économies pendant un an et demi, nous sommes finalement parvenus à mener une levée de fonds de 2,4 millions de dollars auprès d’investisseurs américains et asiatiques. Mon rôle est alors de définir la stratégie de l’entreprise : quelles sont les nouvelles fonctionnalités que nous voulons développer, lesquelles allons nous choisir, en fonction des retours des clients ?

En termes de rémunération, je gagne aujourd’hui en net à peu près 80 000 euros. Toutefois, c’est un peu particulier, principalement car mon entreprise se trouve aux États-Unis. Donc nous essayons de trouver un juste équilibre entre les rémunérations américaines et françaises. Il existe des entrepreneurs qui choisiront plus, d’autres moins. C’est vraiment une liberté que nous avons ! Et puis, nous avons déjà levé des fonds, et donc notre situation est différente d’un entrepreneur qui commence de zéro. Il faut accepter de pouvoir prendre des risques au début !