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Professeur invité

Bertrand Taithe

Professeur des Universités à Manchester

Professeur invité à Sciences Po Aix tout droit venu du Royaume-Uni, Bertrand Taithe nous parle de sa passion pour l’histoire et de son parcours d’enseignant à l’Université de Manchester.

Pourriez-vous vous présenter en quelques lignes ?

Je suis Bertrand Taithe, professeur d’université au Royaume-Uni depuis 17 ans. J’ai quitté la France en 1989 pour y faire mon doctorat – ce qui était peu commun en histoire à cette époque. Je suis arrivé à un moment propice puisque Manchester était alors à la pointe de l’histoire sociale de la médecine et du Cultural Turn. Depuis j’y ai fait une postdoc en histoire de la médecine et de la guerre, après 6 ans à Huddersfield je suis revenu à Manchester en 2000 avant d’y obtenir une chaire en 2005. Une liste de mes travaux de recherche est disponible sur le site de l’université de Manchester.

Pourriez-vous nous présenter l’Université de Manchester et son département Histoire ?

J’appartiens à trois unités de recherche : le département d’histoire, qui est une structure assez généraliste avec un centre de recherche sur l’histoire culturelle de la guerre dont je fais partie et le Humanitarian and Conflict Response Institute que j’ai co-fondé et dirigé entre 2008 et 2021. Ce dernier centre comprend une grosse vingtaine de chercheurs qui vont de l’épidémiologie, l’anthropologie, la géographie, la médecine clinique, les sciences politiques et l’histoire contemporaine autour de questions humanitaires, de résolution de conflit et de réponse aux désastres. Enfin nous avons fondé une archive humanitaire (Humanitarian Archive) au John Rylands Research Institute and Library – une des très grandes bibliothèques du Royaume-Uni et j’y consacre une partie de mon temps.

D’où vous vient votre passion pour l’Histoire et votre intérêt particulier sur la place de l’humanitaire dans l’Histoire ?

J’ai toujours souhaité être historien depuis très tôt. Ma thèse était en histoire de la médecine et traitait de réseaux internationaux contre la réglementation de la prostitution, ma post doc et mes travaux depuis ont été sur la médecine et la guerre. Dans ce cadre là, on ne peut faire l’impasse de l’aide humanitaire et, depuis une vingtaine d’année je travaille sur ce sujet en collaboration avec des organisations humanitaires. En particulier je fais partie du conseil scientifique du CRASH, le think tank de médecins sans frontières et je travaille avec des organisations comme Save the Children ou Mines Advisory Group. Mon intérêt est triple : tenter d’écrire l’histoire d’un champs mal défini (mais dans lequel l’historiographie est en plein bouillonnement !) et m’engager auprès des humanitaires afin qu’ils fassent une place plus grande à l’histoire pour repenser leur travail ; enfin en préserver les archives qui sont de plus en plus fragiles.

Comment s’est déroulé votre séjour à Sciences Po Aix ?

Sciences Po Aix est pour moi un petit retour vers mes racines. Racines familiales (ma mère et sa famille était entièrement provençale et d’Aix en particulier) et intellectuelles dans la mesure où je travaille avec des collègues de Sciences Po Aix ou de MESOPOLHIS depuis des années. Venir en novembre décembre m’a donné l’occasion de contribuer à des ateliers et évènements (sur les corps de la résistance), sur la guerre en Ukraine, sur les croyances et l’humanitaire avec Rony Brauman. Mes collègues en histoire et en sciences politique, parmi d’autres Benoit Pouget, Walter Bruyère-Ostells, Lucas Faure et  Dilek Yankaya m’ont accueillis incroyablement chaleureusement. Ce fut aussi un vrai plaisir que de pouvoir rencontrer des étudiants de master et de doctorats d’Aix. Ce fut donc un séjour très stimulant et qui ouvre sur des perspectives de collaborations futures.