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Étudiant

Anna Bérard, Anaïs Cazenave, Fleur Hyjazi et Clara Mezzone

4e année - Diplôme de Sciences Po Aix - 2025

Étudiantes en 4A à Sciences Po Aix, elles ont répondu à nos questions sur leur participation à la création de la saison 4 de “Révolutions Numériques”, le podcast qui interroge les enjeux numériques de l’information.

Pouvez-vous vous présenter brièvement, votre parcours et indiquer le master que vous suivez ?

Anna : Je m’appelle Anna Bérard, et j’étudie à Sciences Po Aix dans le cadre du triple master CORIS (Communication politique internationale et risques démocratiques), dispensé en partenariat avec l’Université Catholique de Louvain et l’Université de Sherbrooke. Avant cela, j’ai suivi une licence européenne d’information et de communication à l’Institut Catholique de Toulouse. J’ai pour projet d’évoluer dans le secteur du conseil politique et des relations publiques. Détenant une appétence particulière pour l’étude des enjeux liés aux médias, à la communication politique et aux nouvelles modalités d’expression de l’opinion publique, la thématique du cours « Enjeux numériques de l’information » m’a tout particulièrement intriguée.

Anaïs : Je m’appelle Anaïs Cazenave, je suis en master 1 – Métiers de l’information. L’an dernier, je suis partie un semestre au Canada, à l’Université de Montréal, pour étudier dans le département Communication et Politique, avant d’enchaîner sur un stage à l’Alliance Française de Johannesburg en tant qu’assistante communication et événementiel. J’envisage, l’année prochaine, de poursuivre en master 2 Métiers de l’information spécialité métiers du conseil. J’ai contribué à la production de l’épisode 3 de la saison 4 de “Révolutions Numériques”, intitulé : « Questionner notre rapport à l’imagerie violente en ligne ».

Clara : Je m’appelle Clara-Emmanuella Mezzone, je suis étudiante au sein du master Métiers de l’information de Sciences Po Aix, et j’ai pour projet une spécialisation en M2 Métiers du journalisme et enjeux internationaux en alternance. J’ai toujours été attirée par le milieu des médias, au point de candidater au lycée pour intégrer une classe de Première ES estampillée « Média » par l’Éducation Nationale. Au cours de cette année, j’ai pu me familiariser et interagir plus amplement avec l’univers médiatique, au-delà des préconçus qui pouvaient être les miens. Ma volonté de travailler dans le journalisme n’en a été que renforcée. Après l’obtention de mon baccalauréat, j’ai suivi une prépa Sciences Po dans un lycée marseillais en parallèle d’une licence 1 de sociologie à la faculté ALLSH d’Aix-en-provence. J’ai finalement intégré Sciences Po Aix en septembre 2020, au sein de notre fièrement nommée promotion « Gisèle Halimi ». Je me destine désormais à travailler dans la sphère du journalisme, saisie de l’idée de mêler à des enjeux politiques le milieu de la mode, et inversement.

Fleur : Je m’appelle Fleur Hyjazi, et suis actuellement en Master 1 Politique Culturelle et Mécénat. J’ai intégré ce master à l’issue de trois ans de CPGE Littéraire A/L où j’ai pu conforter mes choix d’orientation dans ce qui me passionne le plus : les arts, la littérature et les langues étrangères. C’est donc tout naturellement que j’ai envisagé la possibilité d’intégrer ce cursus par concours. Par la multidisciplinarité que proposent les différents champs d’enseignement à Sciences Po Aix, je peux ainsi allier à la fois connaissances déjà acquises et nouvelles compétences que je n’avais jamais abordées auparavant. Le cours d’Enjeux Numériques de l’Information en fait partie : il s’agissait pour moi d’un défi à relever quant aux lacunes théoriques me concernant, et surtout pratique, du fait du podcast à élaborer et à monter. Je suis ravie d’avoir pu bénéficier de cette expérience.

Comment avez-vous abordé avec votre équipe le sujet choisi cette année : la mort de Nahel Merzouk ?

Anaïs : L’idée du podcast est de traiter en une dizaine d’épisodes, plusieurs enjeux numériques qui découlent d’un thème choisi en amont par Madame Magali Nonjon, Maître de conférences en science politique. Après l’annonce du thème, plusieurs idées ont commencé à émerger, représentant différents enjeux qui feraient l’objet d’un épisode. Chacun pouvait se rapprocher du groupe dont le sujet l’intéressait le plus. Lors du brainstorming, on est d’abord parties de notre ressenti personnel pour essayer de trouver des enjeux qui en découlent, avant de réaliser que le ressenti/la réception des images violentes en ligne pouvait tout à fait faire l’objet d’un épisode à part entière. Justement, le fait de se placer du côté du public nous distinguait des autres groupes qui essayaient plutôt de comprendre les logiques concernant la production, l’utilisation ou encore la régulation de ces images.

Clara : Tout comme Anaïs, j’ai participé à la réalisation de l’épisode 3 de cette saison de Révolutions Numériques, intitulé « Questionner notre rapport à l’imagerie violente en ligne ». En septembre, l’agitation causée par la mort de Nahel était encore un enjeu brûlant qui manquait de recul. C’est là toute l’essence du podcast Révolutions Numériques : se saisir d’un thème au cœur de l’actualité, et aller au-delà des premières réactions critiques, souvent épidermiques et fondées sur l’émotion, pour formuler des épisodes réflexifs balayant chaque aspect de l’affaire lié au numérique. La pluralité de cette saison s’illustre par des thèmes qui vont de la question de la polarisation sur les réseaux sociaux, à celle du rôle des nouveaux médias alternatifs tels que « Mediavenir » en passant par l’enjeu de la production de vidéos humoristiques pendant la mobilisation.

En cela, tous les épisodes valent le détour de l’écoute. Si je devais toutefois “vendre” mon épisode, au regard de tous les autres se concentrant sur les émetteurs et les entrepreneurs actifs au sein de l’affaire Nahel, l’épisode 3 « Questionner notre rapport à l’imagerie violente en ligne » a l’originalité de se pencher sur l’enjeu de la réception par les publics, c’est-à-dire l’implication des personnes comme vous et moi confrontées aux images de la mort de Nahel.

Anna : En ce qui concerne mon groupe, nous sommes partis d’un même constat : après la mort de Nahel M., la majorité des contenus que nous voyions occuper les Top Tweet et les plateformes numériques étaient des vidéos comiques voire absurdes, notamment réalisées au moment des émeutes et des pillages qui s’en sont suivis. Ce décalage avec les revendications à l’égard des actes des policiers envers Nahel M., plus vindicatives, violentes et empreintes de colère, nous a interrogé. Nous nous sommes en effet demandés si ce mode d’action ne participait pas à desservir la cause initiale, en en atténuant le caractère politique et grave.

Fleur : Nous sommes parties de ce que nous avons ressenti de prime abord. L’enjeu a surtout été de se rapporter à notre étonnement, notre réaction et nos émotions ressenties au moment où l’affaire a éclaté. C’est assez naturellement que l’angle adopté s’est imposé, dans la mesure où cette personnalisation du sujet nous a vraiment permis de nous approprier au mieux les différents profils face aux vidéos violentes sur Internet. Alors même que nous tentons d’apporter des éléments d’analyse universitaires et théoriques, nous avons fait le pari d’une intériorisation de la théorie. Je pense ainsi qu’il s’agit véritablement d’une approche qui détone quelque peu du reste des épisodes et qui peut à la fois mettre en lumière des travers ou des comportements sociaux banalisés tout en favorisant un nouveau lien avec l’auditeur lui-même.

Pouvez-vous nous expliquer comment se construisent et se composent les épisodes de “Révolutions Numériques” ?

Anna : Les épisodes de Révolutions numériques sont pensés pour une audience majoritairement étudiante. De fait, il est nécessaire de conserver un aspect ludo-éducatif tout au long de chaque épisode. C’est pourquoi chaque équipe doit inclure une rubrique « Conseils » dans laquelle sont proposés des reportages, livres ou encore conférences à aller voir en lien avec le sujet et pour prolonger la réflexion. En parallèle, au-delà de l’utilisation de concepts et notions issus d’ouvrages académiques servant à étayer notre propos, il nous a été demandé d’enrichir ce premier travail avec un ou plusieurs entretiens. Concernant notre épisode, Raphaël, Hugo, Pierre-Adrien et moi avons décidé d’interroger Sandrine Roginsky, chercheuse en Sciences de l’Information et de la Communication. L’un de ses domaines d’expertise, à savoir l’étude des usages des réseaux sociaux numériques, se prêtait tout à fait à notre sujet. Ces entretiens permettent d’apporter des points d’éclairage sur des questions, ou encore d’alimenter la réflexion. En effet, Sandrine Roginsky nous a poussé à développer un autre prisme de vue quant à notre sujet, et à considérer ces vidéos plutôt burlesques comme un potentiel répertoire d’action collective en politique s’inscrivant dans l’écosystème de ces plateformes et de leur usages, à savoir la dérision.

Anaïs : J’ai apprécié que le format de l’épisode soit assez libre. Il était aussi demandé de faire participer un ou une spécialiste, afin qu’il apporte un regard plus expert sur le sujet. Cette interview venait en complément des concepts et autres éléments issus d’ouvrages scientifiques que nous avions déjà pu mobiliser dans l’épisode. Pour notre part, nous avons eu la chance d’obtenir un entretien avec Sophie Jehel, Professeure en Sciences de l’Information et de la Communication, qui avait justement étudié la réception des images violentes sur le web par les adolescents. Grâce à son intervention, nous avons réussi à distinguer plusieurs profils « types » face à la réception de telles images, nous permettant ainsi d’interpréter nos propres réactions et de mieux comprendre les réactions de certaines victimes. L’entretien avec la spécialiste est une réelle valeur ajoutée pour l’épisode, tant au niveau de la qualité de l’expertise que du rythme de l’épisode, qui est dynamisé par l’intervention d’une personne extérieure.

Clara : La construction de l’épisode était assez autonome même si notre professeure, Magali Nonjon, était présente à chaque étape du processus créatif pour nous faire part de ses retours. La rubrique chanson par exemple nous a permis d’avoir une vraie cohérence tout au long de l’écoute, avec une mélodie qui revenait régulièrement. Nous avons fait le choix de recommander la chanson « Freddie Gray » de Camélia Jordana. Au-delà d’être une chanteuse française, l’artiste est aussi engagée politiquement contre les violences policières et s’est déjà convertie à de maintes reprises en porte-parole des victimes comme lors de l’affaire Adama Traoré. Les paroles sont fortes, mais paradoxalement pour une chanson, ce sont les images du clip qui sont les plus « impactantes ». Elles sont graphiques, dénoncent une réalité triviale tout en étant dessinées dans un style « enfantin ». Marquées par ce titre de Camélia Jordana, nous ne nous sommes pas contentées d’un simple extrait, nous avons décrit oralement le clip pour les auditeurs, tout en rythmant les différents temps de notre épisode par des extraits de la musique.

Fleur : Chaque épisode suit un certain schéma, duquel découlent des étapes récurrentes : jingle, rubrique conseil, rubrique chanson, interview. Le pattern permet une cohérence d’ensemble et favorise le lien entre les épisodes d’une part, et permet aux auditeurs de suivre plus facilement les étapes, et donc le fond de l’analyse par une rigueur de construction et de montage similaire. Au-delà, si chacun des épisodes se suivent selon une cohérence thématique, force est de constater que l’angle y est de facto différent : les acceptions diversifiées des enjeux numériques de “l’affaire Nahel” permettent d’entrer en profondeur dans tous les enjeux sociaux, politiques et médiatiques que cette dernière revêt. Le fait de consacrer un temps à une interview in vivo, à un expert de l’angle par lequel chaque épisode a été pris, permet d’accroître la véracité des propos et, véritablement, d’éclairer au mieux l’auditeur sur ce que l’on souhaite transmettre.

Pouvez-vous nous parler du processus de production du podcast et en particulier des parties dont vous étiez en charge ?

Anna : Le processus de production de notre épisode a commencé par une revue de littérature scientifique sur la question que nous souhaitions traiter. À partir de nos connaissances personnelles, mais aussi d’éléments des différents intervenants amenés à s’exprimer tout au long du cours, nous avons procédé à une mise en perspective de notre sujet par rapport à certains courants de recherche, et ce afin de permettre un apport en connaissances. Nous menions en parallèle une veille médiatique sur le sujet. Il s’agit de l’un des aspects auxquels j’ai consacré le plus d’investissement. En effet, au vu de mes précédentes expériences de stages en relations presse notamment, ma connaissance du paysage médiatique français m’a permis de faire des sélections d’informations rapides et pertinentes.

L’étape suivante, qui a demandé plusieurs semaines de travail entre la réflexion et l’écriture, a nécessité l’élaboration de compromis en groupe. Puis est venu le moment de l’enregistrement, réalisé grâce au plateau TV de Sciences Po Aix, et du montage, réalisé via Adobe Audition. Tout au long de ces semaines, l’un de mes rôles principaux a été de gérer l’organisation, l’anticipation, la coordination, et la conduite de ce projet, afin d’impulser et d’entretenir une dynamique de groupe, et de fédérer les opinions de chacun. Cela m’a donc permis d’approfondir mes compétences en gestion de projet, et notamment ma capacité à nourrir un esprit d’équipe où chacun peut apporter sa contribution, ainsi que ma faculté à planifier et construire le projet en fonction de différentes échéances temporelles. 

Anaïs : Produire un épisode de podcast est un exercice qui demande bien plus d’énergie et de travail que ce que je pouvais imaginer. De l’imagination du scénario, à l’écriture du script, en passant par l’interview puis par l’enregistrement et le montage, ce sont autant d’étapes qui nécessitent une grande rigueur et de l’organisation. Être quatre dans un groupe permet de multiplier les idées, les points de vue, mais cela nécessite également beaucoup de coordination pour travailler efficacement. D’ailleurs, malgré notre travail consciencieux, nous avons été confrontées à des erreurs « de débutant », notamment au niveau de l’enregistrement. Pour des questions de planning, nous n’avons pas pu bénéficier du calme du studio d’enregistrement de Sciences Po Aix et avons dû faire avec les aléas de la vie en appartement (comme les travaux chez les voisins alors qu’il n’y en a jamais en temps normal…). Mais c’est justement de toutes ces petites erreurs, qui nous ont demandé un peu plus de travail, que nous avons tiré des apprentissages et grâce auxquelles nous avons pu améliorer notre épisode.

J’ai également été responsable du montage de l’épisode, que j’ai réalisé sur Adobe Audition. C’est la partie sur laquelle j’ai passé le plus de temps. Je n’avais jamais fait de montage audio auparavant mais j’ai apprécié en avoir l’opportunité grâce à ce cours. Selon moi, c’est l’un des premiers cours où j’ai eu réellement eu une sensation de professionnalisation, car j’ai eu l’occasion de me former sur des outils que je n’aurais pas forcément utilisés en dehors du cadre scolaire.

Clara : La production du podcast débute en premier lieu avec le processus créatif, et c’est cette étape de la réalisation qui se situe en amont que j’ai le plus pris en charge. Notre groupe partait avec une idée claire mais il a fallu ensuite trouver des arguments pour la soutenir. Des séances d’échanges et de brainstorming avec les filles ont été très efficaces pour stimuler notre inspiration. Une des étapes dans la formation de ces arguments a été de trouver des concepts ou théories pouvant étayer la problématique de l’épisode. Mon rôle dans l’équipe a aussi été de remanier nos idées en fonction des retours reçus et de maintenir une coordination d’ensemble.

Un passage clé dans ce processus créatif qui m’a bien marqué, c’est quand j’avais “trop” d’idées, quand je voulais explorer trop de pistes pour un format de seulement vingt minutes. Le but n’était pas de survoler en surface nos arguments mais de les exploiter au maximum. Mme Nonjon a été là pour nous inciter à cadrer le plus possible notre cheminement de pensée.

Fleur : Nous avons principalement œuvré à ce que tout soit fait en équipe : les premières ébauches étaient surtout dédiées à un travail de recherche, où chaque membre s’occupait d’un point en particulier. Pour ma part, j’ai notamment fait des recherches sur les concepts que nous voulions aborder dans notre podcast, tels que “témoins numériques” ou “médiatisation”. À l’issue de cette mise en commun, nous avons ensemble fait le script puis enregistré les différentes parties qui constituent l’épisode. Anaïs s’est chargée, avec brio, du montage, un grand merci à elle !

Chaque groupe rassemble des étudiants venant de divers masters (PCM, CORIS, METI). Qu’apporte ce croisement et le travail avec des étudiants aux spécialités différentes ?

Anna : Ce croisement amène un enrichissement en terme d’expertises et de points de vues. Bien que nous soyons partis d’un même postulat, nos références académiques et culturelles n’ont pas toujours été similaires. Et ce sont ces apports multiples qui ont permis d’interroger la manière dont nous souhaitions traiter notre thématique, ainsi que la mise en scène finale de l’épisode. Par ailleurs, chaque membre du groupe disposait de son « domaine d’expertise », à l’image de Raphaël qui a réalisé le montage sonore de l’épisode au vu de sa maîtrise des différents logiciels. Ce sont ces différentes compétences individuelles, qui, mises en commun, permettent de solidifier un projet et de lui apporter une valeur supplémentaire.

Anaïs/Clara : Dans notre groupe, (Clara, Eyama et Anaïs) venions du master METI et seulement Fleur, du master Politique culturelle et Mécénat. Ce croisement a été bénéfique puisqu’il nous a permis d’enrichir les discussions en apportant des perspectives différentes. Dans la mesure où nous ne venions pas des mêmes masters, nous avions des références universitaires et culturelles diverses à propos du même sujet. Cela nous a donc permis d’avoir l’approche la plus complète possible. C’est justement la diversité des perspectives qui a stimulé notre créativité et nous a permis d’aboutir à l’épisode tel qu’il est aujourd’hui.

Fleur : Au sein de mon équipe, j’étais la seule étudiante en master Politique culturelle et Mécénat. Je n’avais évidemment pas toutes les dimensions théoriques dont mes trois amies pouvaient faire preuve. Je suis d’ailleurs reconnaissante d’avoir été dans une équipe aussi bienveillante et soucieuse : ce qui est indéniable, c’est que notre épisode reflète autant les idées des unes que les autres. Nous avons toujours essayé de mettre au mieux en avant les personnalités et les appétences de chacune d’entre nous. Le mélange des étudiants venant de différents masters permet vraiment d’atteindre une pluralité de points de vue à l’élaboration des épisodes et, à mon sens, favorise cette telle analyse fouillée et pointue au fur et à mesure des épisodes, dans la mesure où chacun apporte sa pierre à l’édifice selon le domaine dans lequel il a le plus de connaissance ou pour lequel il a davantage d’appétence.

Pouvez-vous partager votre ressenti personnel sur cette expérience et ce que vous en retiendrez ?

Anna : Au-delà de la dimension professionnalisante du projet via la mise en équipe et la réalisation d’un contenu concret à la fin du semestre, cette expérience a été très instructive. J’ai trouvé particulièrement intéressant et enrichissant le fait de pouvoir approfondir l’étude d’un thème spécifique, à partir d’un constat « empirique » relevé sur les réseaux sociaux, en tissant des liens avec des philosophes ou politologues qui, pour certains, ont écrit il y a plusieurs siècles, mais dont les apports théoriques résonnent toujours à l’heure actuelle. De plus, l’affaire Nahel ayant le plus souvent été traitée sous l’angle politique et social, j’ai trouvé intriguant le fait de l’aborder sous un angle relatif aux enjeux informationnels et à la sphère numérique.

Anaïs : La production de notre épisode de « Révolutions numériques » a été une aventure très stimulante. Tout d’abord, elle m’a donné une compréhension plus approfondie du processus de création d’un contenu audio, et surtout de ses défis. J’ai également beaucoup aimé l’aspect professionnalisant de cet exercice, notamment au travers de l’intervention obligatoire d’un spécialiste, qui nous a permis de nous faire une première expérience au niveau des entretiens, un entrainement pour le mémoire. Préparer les questions/la grille d’entretien, rencontrer la personne, mener un entretien semi-directif… c’est une vraie opportunité d’avoir pu s’entraîner dans le cadre de ce podcast. Personnellement, j’ai trouvé ça enrichissant de pouvoir mener une réflexion plus approfondie sur un sujet comme celui de la mort de Nahel, déjà extrêmement traité par les médias au moment de son décès mais qui n’ont pas forcément analysé les logiques en termes de réception par le public.

Pour finir, qu’est-ce que je retiendrai ? Après m’être entendue parler pendant des heures lors du montage, je ne ferai pas de radio, pour épargner à tous les auditeurs ma voix insupportable !

Clara : J’ai apprécié le challenge de devoir problématiser un sujet qui nécessitait de partir de « zéro », puisque l’état de l’art était quasiment inexistant en raison de la récence des événements. Nous avons dû faire le travail conceptuel de nous-mêmes en œuvrant à transposer des notions portant sur d’autres affaires, à la situation propre de la mort de Nahel. Cette créativité dont nous avons su faire preuve me sera utile tout au long de mon cursus et particulièrement pour la rédaction de mon mémoire. Nous sommes fières d’avoir contribué à l’élaboration de cet épisode et d’avoir suivi tout le processus, jusqu’à obtenir le produit final.

Enfin, l’exercice de l’enregistrement du podcast – qui a nécessité pour ma part de nombreuses prises – m’a ouvert les yeux sur la vitesse habituelle de mon débit de parole qui ne permet visiblement qu’à moi-même de me comprendre… Je m’évertue depuis à parler plus lentement !

Fleur : J’ai sincèrement beaucoup apprécié réaliser ce podcast. Ce type de rendu scolaire a été une découverte pour moi et m’a sorti de ma zone de confort. Loin de mes dissertations en six heures à la mode prépa, j’ai découvert une nouvelle manière de rendre compte d’enjeux numériques contemporains qui me touchent plus directement et auxquelles j’ai été confrontée. Intense, certes chronophage, mais avant tout passionnant, j’ai aussi pu acquérir de nouvelles compétences en matière de recherche théorique et universitaire dans un champ médiatique que je ne connaissais pas. De la même manière, que le podcast ait attrait à un pan de l’actualité, m’a permis de faire des liens plus fins et véritablement plus fondés avec une certaine réalité historique continue.

In fine, c’est surtout l’optique du travail en équipe qui m’a plu : j’ai énormément appris de mes trois camarades et je suis fière de l’épisode que nous avons réalisé ensemble.

La saison 4 “Révolutions numériques – Mort de Nahel – quand le numérique façonne les conséquences politiques de l’affaire” est accessible ici à compter du 15 janvier 2024, avec un épisode tous les lundis.