Amin Moghadam
Professeur invité à Sciences Po Aix, Amin Moghadam est chercheur associé à la chaire d’excellence canadienne de recherche (CERC) en Migration et Intégration. Découvrez son parcours international, son rôle au sein de la Toronto Metropolitan University et ses projets de collaboration avec Dilek Yankaya, Maître de conférences à Sciences Po Aix.
Quelle est votre trajectoire professionnelle et personnelle pour être ce jour chercheur associé à la chaire d’excellence canadienne de recherche (CERC) en Migration et Intégration ?
Je suis né en Iran et je suis arrivé en France en 2000 pour poursuivre mes études à l’université avec une thèse de doctorat que j’ai soutenue en géographie humaine à l’université Lyon 2. J’ai travaillé dans plusieurs établissements universitaires français avant de partir aux Etats-Unis en 2016 pour mon post-doctorat à l’université de Princeton où j’ai passé quatre ans. Je travaille depuis janvier 2021 au CERC in Migration de l’université métropolitaine de Toronto (TMU). J’y suis le directeur de recherche pour une équipe de chercheurs qui travaillent sur le lien entre les processus migratoires et les villes au Canada et ailleurs dans le monde. J’ai aussi la responsabilité depuis mai 2023 de développer la recherche en français sur les questions migratoires en développant un réseau francophone en collaboration avec les universités canadiennes et françaises.
Dans ma propre recherche, je m’intéresse aux pratiques et politiques migratoires et à leurs effets sur les transformations urbaines notamment entre l’Iran et les diasporas iraniennes mais aussi aux Emirats arabes unis et au Canada. La recherche constitue pour moi un espace réflexif qui m’a permis d’une part de m’engager dans une démarche scientifique qui met la lumière sur les inégalités et les relations d’interdépendance nord-sud, et d’autre part de prendre conscience de mes propres identités multiples face aux inégalités socio-économiques des pays où j’ai vécu et travaillé.
Pourriez-vous présenter la Toronto Metropolitan University ?
Située au cœur du centre-ville de Toronto avec plus de 48, 000 étudiants, 125 programmes d’études et 25 centres de recherches spécialisés, TMU est une université de premier plan en matière de recherche et d’innovation au Canada. Au sein de cette grande structure et étant donné que la migration est un enjeu majeur au Canada, CERC in Migration où je travaille, dirigé par le professeur Anna Triandafyllidou, rassemble plus de 40 chercheurs qui mènent des recherches sur les problématiques migratoires à des échelles géographiques variées. TMU est aussi une université qui valorise énormément la diversité des étudiants et des enseignants avec environ la moitié des étudiants qui constitue ce que l’on appelle au Canada ‘Racialized people’, ce qui est très représentatif de la diversité de la population de Toronto.
Quels sont les projets de collaboration avec Dilek Yankaya, Maître de conférences à Sciences Po Aix ?
J’ai eu le grand plaisir de connaître Dilek Yankaya il y a une dizaine d’années. Nos recherches respectives sur les pratiques économiques et l’implication des élites en Turquie et en Iran ne peuvent qu’être complémentaires, non seulement du point de vue intellectuel mais aussi étant donné la géographie régionale de ces deux pays et les relations d’interdépendance qu’ils entretiennent. Nous organisons actuellement deux journées d’étude intitulées « Violence économique et économies ordinaires de la violence en Iran » les 9 et 10 avril. Ces journées sont consacrées à faire dialoguer les travaux scientifiques des deux côtés de l’Atlantique portant sur les dynamiques économiques et politiques de la société iranienne en Iran à partir d’une perspective transnationale. J’interviens aussi dans les cours de ‘Méthodologie en sciences sociales’ et ‘Enjeux et controverses politiques’.
De vos premiers cours à Sciences Po Aix, que retenez-vous ?
J’ai remarqué une ambiance dynamique avec des étudiants qui travaillent sur des enjeux sociaux, politiques et économiques importants du monde d’aujourd’hui. J’apprécie particulièrement l’importance accordée aux études de terrain dans la formation proposée aux étudiants à Sciences Po Aix, le courage et la curiosité avec lesquels ils s’engagent dans leurs projets et la manière dont madame Yankaya les accompagne dans leurs démarches pour affronter les difficultés à faire du terrain notamment à l’étranger tout en leur proposant des pistes de réflexion et des outils intellectuels nécessaires. Je suis très reconnaissant d’être invité à Sciences Po Aix pour participer à ces échanges.