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Axel Villechaize

Diplômé de Sciences Po Aix en 1993, Axel Villechaize mène une carrière portée par la volonté sans faille de servir le bien commun. Après avoir occupé plusieurs postes de gestionnaire dans la fonction publique, il finit par rejoindre son premier amour, la culture, en devenant secrétaire général du Musée de Cluny.

Comment expliquez-vous votre goût pour le service public ?

Sciences Po Aix a renforcé mon goût déjà prononcé pour la politique. Je me rappelle qu’à l’époque, j’étais vraiment à l’extrême gauche : je voulais tout révolutionner !

J’ai donc réussi à devenir président du Bureau des Élèves, et, parmi d’autres engagements, j’ai cultivé l’idée d’agir pour les autres. Je me souviens parfaitement des cours de Bruno Étienne, maître de conférences à Sciences Po Aix, qui était un homme particulièrement marqué par la guerre d’Algérie, qui tenait constamment un discours de tolérance et de recherche de la paix. Il m’est alors apparu naturel de travailler à la recherche du bien commun.

Mon métier de rêve, quand j’ai commencé Sciences Po Aix, c’était d’être sous-préfet, mais plus généralement, de servir l’État et servir mes concitoyens : en un mot, je souhaitais servir la nation. Après avoir obtenu mon diplôme en trois ans, j’ai poursuivi mes études avec un Diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) de droit et gestion des collectivités territoriales, puis j’ai continué avec un Diplôme d’études approfondies (DEA) de droit public.

Enfin, j’ai accompli mon service obligatoire à l’armée, avant de quitter Sciences Po Aix pour l’IRA de Bastia.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel au ministère de l’Intérieur ?

J’ai passé un an à l’IRA de Bastia, et comme il n’y avait pas de place au ministère de la Culture, j’ai choisi le ministère de l’Intérieur pour être formé en matière de réglementation et de législation. Malgré mon attachement au sud de la France et une opportunité de poste en tant que chef de service à la Caisse nationale militaire de sécurité sociale à Toulon, ma ville d’origine, je souhaitais avancer plus vite. Je suis alors devenu chef de section des ressources humaines de la police technique et scientifique pendant deux ans et demi.

Plein d’ambition, j’ai malheureusement été victime d’un grave accident à l’armée, qui m’a rendu non-opérationnel pendant deux ans. J’ai alors subi une rééducation intensive pour parvenir à récupérer l’usage de la parole et de la mémoire. À l’issue de cette période de rééducation, j’ai fait mon retour au ministère de l’Intérieur. Pour résumer, j’ai dû tout recommencer à zéro, ne sachant plus lire, ni écrire : j’ai dû me présenter à un nombre important d’entretiens avant qu’un chef de service ne m’accorde sa confiance.

À cette époque, je redeviens troisième classe dans la fonction publique, à la Direction générale des politiques locales, puis je reprends le poste de l’attachée auprès de qui je travaillais, aux rémunérations de la fonction territoriale. Enfin, j’accède à la première classe en tant que secrétaire général de la commission supérieure de la fonction publique territoriale. Durant le mandat de Nicolas Sarkozy, je suis propulsé au cœur des réformes décentralisatrices. Je deviens également secrétaire général du comité de pilotage sur les fonds de l’État aux collectivités.

Cependant, après une dizaine d’années au ministère de l’Intérieur, je le quitte à l’instant où un poste se libère au ministère de la Culture.

Quel est votre projet personnel au sein du ministère de la Culture ?

Au ministère de la Culture, j’ai pleinement révélé ma vision égalitaire. Devenu adjoint au chef du bureau des traitements, des primes et de l’emploi, j’ai entrepris en 2006 d’harmoniser les salaires des fonctionnaires du secteur culturel. Contrairement à mon précédent ministère, j’ai remarqué que les paies fluctuaient en fonction du mois. Je me rendais alors régulièrement au Conseil d’État pour m’exprimer sur des décrets, et avec mon directeur, nous avons mis en place un nouveau système jusqu’à ce que la prime de fonctions et de résultats (PFR) soit établie.

Après cette action importante, je me suis rendu compte que j’avais travaillé sur un large éventail de compétences : les ressources humaines, la formation, la comptabilité et gestion, ce qui m’a permis de prétendre à un poste plus polyvalent. J’ai alors occupé celui de directeur des ressources humaines à l’École du Louvre pendant trois ans. Puis j’ai réussi à accéder à un poste de secrétaire général par intérim au Musée de l’immigration au palais de la Porte-Dorée. Après cela, une conservatrice a repris le poste titulaire et je suis retourné à un poste familier de chef de pôle de l’administration et des finances pendant quatre ans.

En juin 2013, j’ai obtenu le poste de secrétaire général adjoint au Musée de Cluny, musée national du Moyen Âge. Jusqu’à présent, j’ai changé de poste environ tous les trois ans. Aujourd’hui néanmoins, cela fait dix ans que j’occupe mon poste et j’y trouve encore de l’intérêt : aucune journée ne se ressemble, puisque je contribue à tous les secteurs de l’institution, qu’il s’agisse des ressources humaines, de la maintenance, de la logistique, de l’accueil ou encore de la surveillance.

Quel sens donnez-vous à votre métier ?

Le sens que je donne à mon activité est avant tout d’intérêt public : je considère la culture comme l’un des aspects les plus importants de la citoyenneté. Dans un pays démocratique et social, la culture est justement ce qui permet de faire ressentir ce côté social et démocratique. Je reconnais que dans des fonctions non-régaliennes comme la culture, on est très peu payé et notre carrière ne progresse pas beaucoup, car les bons éléments ne sont pas récompensés et les mauvais éléments sont récompensés, autant que les bons.

Pourtant, dans cet esprit d’intérêt public, je m’assure que le musée soit ouvert pour l’ensemble des visiteurs. À la manière du “fantôme du musée”, je veille à ce que la lumière, le chauffage, l’accueil et les autres aspects invisibles au public soient optimaux.

J’ai également commencé à obtenir des responsabilités à la direction d’un service ressources humaines à partir de 1998, alors que je n’y connaissais rien en management. Dès lors, je me suis alors appliqué à adopter une méthode d’observation au plus proche de mes équipes afin d’apprendre à être un “bon” chef de section, ou plutôt un bon “entraîneur” comme je préfère le décrire. C’est mon sens aigu de l’écoute qui m’a permis de m’adapter aux capacités et aux besoins de mes équipes. Selon moi, l’intelligence humaine est primordiale pour sauver des métiers comme le mien des bras de l’intelligence artificielle.

Un conseil pour les étudiants de Sicences Po Aix aujourd’hui ?

Mon père, à l’âge de trois ans, m’emmenait dans les musées et me racontait des histoires absolument fabuleuses sur les œuvres d’art. Depuis, j’ai toujours eu le goût pour la culture, le théâtre, la danse, la musique, les musées, etc, et cette passion explique sans doute mon propre parcours au sein du ministère de la Culture.

Aussi, mon conseil est simple : faites ce que vous aimez et suivez vos passions !