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Retour en images | Conférence “JO 2030 : la dernière descente ?”

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Les Jeux Olympiques d’hiver 2030, prévus au cœur des Alpes françaises, suscitent de nombreuses interrogations et débats passionnés. Entre les défis climatiques, les considérations économiques et les valeurs sportives, plusieurs voix s’élèvent pour discuter de l’avenir de ces événements. Retour sur la conférence « JO 2030 : la dernière descente ? », en réponse à la parution de l’édition #17 du magazine Chicane, qui interroge les perspectives de différents acteurs concernés par cette problématique.

Un avenir incertain pour les stations de montagne

Selon Valérie Paumier, Présidente de l’association Résilience montagne, le réchauffement climatique menace directement la viabilité des Jeux Olympiques d’hiver. En effet, une étude récente indique que d’ici 2050, plus de 75% des sites ayant accueilli les JO d’hiver de 1924 à 2014 ne seront plus adaptés en raison du changement climatique. Elle souligne par ailleurs que, bien que les météorologues aient un rôle clé, d’autres disciplines comme la géologie doivent aussi être prises en compte pour une analyse complète.

En tant qu’expert en protection de la montagne chez Mountain wilderness, Vincent Neirinck va plus loin et affirme que les conditions actuelles de certains sites pourraient devenir totalement inadaptées. Il rappelle que le climat est une donnée certaine, contrairement à la météo. Il évoque l’exemple des Jeux Olympiques de Grenoble de 1968 durant lesquels, une semaine seulement avant les épreuves, il n’y avait pas de neige sur les pistes. Il critique également l’évolution terminologique qui a transformé “neige artificielle” en “neige de culture”, pointant l’importance de l’imaginaire de la montagne.

Éthique et équité des Jeux Olympiques : une question très actuelle !

En sa qualité de skieuse professionnelle et militante écologique, Marie-Charlotte Iratzoquy soulève la question de l’éthique et de l’équité des Jeux Olympiques : elle souligne notamment que de moins en moins de nations pourront participer aux épreuves dans les prochaines décennies. En cause ? Le manque de neige naturelle pour les entraînements. Elle aborde aussi l’inégalité entre les sportifs en fonction des conditions de neige, artificielle ou naturelle, et évoque le coût éthique des Jeux Olympiques.

Stéphane Passeron, ancien entraîneur handisport et Porte-parole du collectif No-JO, exprime une vision sacrée des Jeux Olympiques, nourrie par une expérience personnelle et une réflexion sur l’impact environnemental des infrastructures nécessaires. Il dénonce l’usage des canons à neige et autres artifices, pointant une radicalité nécessaire pour affronter les défis climatiques.

Quelles perspectives politiques et économiques ?

Jean-Luc Boch, Maire de La Plagne-Tarentaise et Président de l’association nationale des maires des stations de montagne, reconnaît les impacts du dérèglement climatique sur les montagnes, affirmant que celles-ci sont les premières victimes. Il distingue entre différents types de retenues d’eau utilisées pour la neige de culture et critique certaines exagérations médiatiques sur ce sujet. Boch soutient que les investissements pour les JO 2030 seront plus sobres, la majorité des sites étant déjà construits, et que la neige de culture est nécessaire pour assurer l’équité des compétitions.

Hervé Liberman, Conseiller régional de la Région Sud et Président de la Commission Sport, Préparation des JO 2024, appelle par ailleurs à reconnaître la légitimité du Comité International Olympique et souligne l’importance de maintenir les Jeux Olympiques pour leur valeur symbolique et unificatrice. Il admet les défis climatiques, mais voit dans ces jeux une occasion unique de montrer une réponse aux enjeux environnementaux, tout en promouvant un modèle de développement plus durable.

En conclusion, les Jeux Olympiques d’hiver 2030 représentent un défi complexe à la croisée des enjeux climatiques, éthiques et économiques, et les voix des différents intervenants durant cette conférence ont unanimement souligné l’urgence de repenser l’organisation de tels événements pour les aligner avec les réalités environnementales, actuelles et futures. Ainsi, la question reste ouverte : ces Jeux seront-ils les derniers de leur genre ou, comme nous pouvons l’espérer, un modèle pour des pratiques plus durables et responsables lors des prochaines éditions ?


Nos remerciements pour leur participation à cette soirée unique à l’ensemble des intervenants :

  • Jean-Luc Boch, Maire de La Plagne-Tarentaise et Président de l’Association nationale des maires des stations de montagne (ANMSM)
  • Marie-Charlotte Iratzoquy, skieuse professionnelle engagée dans l’écologie
  • Vincent Neirinck, expert en protection de la montagne chez Mountain Wilderness
  • Stéphane Passeron, Porte-parole du collectif No-JO
  • Valérie Paumier, présidente association Résilience montagne
  • Ludovic Perney, Vice-Président de la région PACA en charge de la Jeunesse, des Sports et de la Vie étudiante.
  • Hervé Liberman, Conseiller Régional de la Région Sud et Président de la Commission Sport, Préparation des JO 2024

Propos recueillis par Eyama Bamouni, étudiante en 4A. Un événement modéré par Aurore Lattanzio et Hugo Aubaret.

Crédit photos : Raphaël Casteu