Hugo Gonzalez

Alumni de Sciences Po Aix et auteur passionné, il vient de publier son second ouvrage, “IA : La course entre la Chine et les États-Unis” aux éditions L’Harmattan. Hugo partage ses motivations profondes pour l’écriture, inspirées par des lectures marquantes comme Homo Deus de Yuval Noah Harari et des vidéos percutantes sur l’intelligence artificielle.
Vous avez publié votre second ouvrage “IA : La course entre la Chine et les États-Unis” aux éditions L’Harmattan. Pourquoi ce thème, quelles ont été vos motivations ?
Bonjour, c’est un vrai plaisir d’écrire à nouveau pour notre Bonne maison !
Et oui, c’est déjà mon second livre.
Il est le fruit, toujours, de cette constante attention que je porte à l’évolution des rapports de force entre nations dans le monde – dont je parlais déjà dans le premier portrait. Mais aussi, il est le reflet de mon intérêt pour des sujets plus philosophiques et anthropologiques, qui transcendent largement les seules relations internationales.
Mais trêve de sciences-pipeau : je ne suis plus étudiant, désormais !
Rétrospectivement, je me souviens notamment de deux éléments déclencheurs.
Premièrement, il y a ce livre de Yuval Noah Harari, Homo Deus, que j’ai découvert à l’âge de ma majorité. Il a vraiment immiscé en moi un grand intérêt pour l’IA. L’hypothèse d’un renversement de l’Homme du sommet de la chaîne alimentaire, par une entité qu’il aurait lui-même créée – artificielle, donc – m’effrayait. C’était quelque chose que je n’aurais jamais pu analyser, envisager, voire imaginer sans qu’on m’en parle, tellement j’aurais trouvé cela saugrenu.
Deuxièmement, cette vidéo YouTube d’EGO est venue redonner un coup de fouet à ce sujet. En pleine réflexion pour concrétiser le mémoire, j’avais déjà entrepris un gros travail de recherche, sachant vouloir travailler sur le lien entre relations internationales et technologies. Cette vidéo est tombée à point nommé, en me permettant de prendre la mesure de la force de l’ ”IA”, cette expression-valise, aussi usitée que floue. J’invite d’ailleurs chacun à aller la consulter.
La Convention universitaire citoyenne sur l’usage de l’IA générative a eu lieu du 6 mars au 12 mai à Sciences Po Aix : quelle place prendra l’IA, selon vous, en milieu universitaire dans les prochaines années ?
Concernant l’IA générative, je risque sûrement d’apparaître radical et pessimiste, mais cette place sera assurément ample, très ample selon moi. C’est à se demander, plutôt, quelle place n’aura-t-elle pas.
Étudiant, j’entendais souvent des professeurs relever – avec raison – les faiblesses de ces “machines”. La génération de texte – pour ce qui concerne principalement Sciences Po Aix – est très prometteuse quoique largement imparfaite… pour l’heure.
Car il me semble bien plus sage de réfléchir en termes de potentiel de progression. Si la frise d’évolution de l’IA générative devait s’établir entre un état embryonnaire et un état mature, je la placerais aujourd’hui à l’état infantile. Aux textes simplistes et non-sourcés d’aujourd’hui seront prochainement substitués des documents entiers, des diaporamas, voire des dossiers entiers, sourcés et solides.
Quel étudiant résistera, dans un système universitaire sacralisant la note ? Une poignée d’irréductibles Gaulois, peut-être. Sauf que la potion magique, ici, devra être puisée dans la vigueur des valeurs de chacun.
Sur un temps très long, cela suggère même des questions aussi dérangeantes qu’inquiétantes, à l’ampleur anthropologique. L’une d’entre elles étant éloquente : pour quelle raison continuer à former les prochaines générations, tandis que leur intelligence “naturelle” et leur rythme d’apprentissage se comptent en années voire décennies, sans aucune certitude d’atteindre le niveau de l’intelligence artificielle ?
Pouvez-vous nous parler du processus de la publication d’un livre ?
J’avais évoqué le sujet plus en détail dans le premier portrait, et invite donc le lecteur intéressé à le lire s’il veut plutôt savoir comment se passe la première publication.
Dans tous les cas, pour le second, les choses n’ont que très peu changé : je reste ce petit garçon toujours animé par le rêve que mes mots et pensées ne me soient pas qu’exclusifs. Seule différence peut-être : ma légitimité.
J’ai donc commencé par envoyer mon manuscrit à L’Harmattan via leur site, éditeur avec lequel j’avais déjà noué des liens lors du premier ouvrage. Intéressé par le sujet, l’éditeur a choisi de donner suite quelques mois plus tard.
Le processus de publication est resté tout aussi long, fastidieux et minutieux, avec un travail toujours majoritairement alloué à l’auteur, en amont comme en aval.
En amont, par l’application très rigoureuse des consignes éditoriales de la maison : obtention des droits de reproduction pour chaque document utilisé, adoption du format imposé, harmonisation des marges, paragraphes, espaces, alinéas, conversion des notes de bas de pages aux normes souhaitées, etc. Il y a eu, en particulier, un gros bras de fer sur le visuel de la couverture.
En aval, car la maison d’édition laisse toujours à la charge quasi-exclusive de l’auteur la construction de toute sa communication. C’est le plus difficile. C’est un travail de solitude, de patience et résilience où il faut convaincre un mille-feuille médiatique qui ne vous connaît pas. J’ai par exemple pris près de 40h de mon temps pour réaliser cette vidéo promotionnelle d’une minute.
Quelles ont été les grandes étapes de l’écriture ? Combien de temps vous a pris ce projet, de l’idée à la publication ?
Au total, j’ai mis presque deux ans à conceptualiser, rédiger puis publier cet ouvrage, de mai 2023 à avril 2025.
D’abord, mai-septembre 2024 : j’ai fait beaucoup de recherches. J’en parlais plus haut, j’ai lu, regardé, écouté. Je voulais bien comprendre ce secteur, y étant en fait plutôt étranger. “Machine learning”, “deep learning”, “neurones artificiels”, “big data”, “IA faible”, “IA forte”, “IA étroite”, “apprentissage supervisé”, “vision par ordinateur”, etc. Pour l’étudiant en M2 GDSI que j’étais, c’était une autre langue. J’entrais dans un univers technique et ésotérique qu’il fallait que je comprenne avant de commencer à étudier la course sino-américaine.
Ensuite, octobre 2024-février 2025 : j’ai beaucoup pris de notes et réfléchi à la structure de mon propos. Fort de ce travail préliminaire, il fallait que je pose le tout sur papier pour tout structurer. Pour cela, j’aime toujours étoffer le QQOQCCP aristotélicien. “QQOQCCP”, c’est pour “Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Combien ? Pourquoi ?” Cela permet d’embrasser exhaustivement un sujet, sans se disperser.
Puis mars-août 2024 : la rédaction.
Et enfin, septembre 2024-avril 2025 : la publication.
Quels conseils donneriez-vous aux étudiants qui aimeraient eux aussi publier un livre ?
Le conseil principal : si c’est votre rêve, foncez et ne vous laissez pas décourager. Rien n’est pire qu’un regret qui vous ronge. Et ce, malgré les obstacles inhérents à un monde du livre très concurrentiel.
Simplement, ne le faites pas pour l’argent, c’est loin d’être un calcul rentable sur le court terme. Qui sait, la rentabilité prendra peut-être une forme moins sonnante et trébuchante…
Enfin, osez. Parlez aux gens, envoyez des courriels, contactez les personnes pouvant faire avancer votre publication, ou même… vos ambitions !