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Enseignant

Nicolas Badalassi

Professeur d’histoire contemporaine à Sciences Po Aix  et Directeur de l’UMR Mesopolhis, Nicolas Badalassi est à l’initiative de l’organisation de la “Nuit Américaine”, qui s’est tenue ce mardi 5 novembre à l’Espace Philippe Séguin.

Il répond à nos questions sur son parcours, exprime ses motivations à initier un tel événement, et partage son analyse sur les perspectives géopolitiques en lien avec l’élection de Donald Trump.

Vous êtes Professeur d’histoire contemporaine à Sciences Po Aix et Directeur de l’UMR Mesopolhis : pourriez-vous retracer votre parcours ?

Après des études d’histoire à l’université, j’ai obtenu l’agrégation puis réalisé une thèse sur la politique étrangère et de sécurité de la France dans les années 1960-1970. Le doctorat en poche, je suis devenu maître de conférences à l’université Bretagne-Sud puis à Sciences Po Aix, où j’ai été élu professeur à la suite d’une habilitation à diriger les recherches qui portait sur la place de la France dans les enjeux de guerre froide en Méditerranée. Depuis mon arrivée à Sciences Po Aix, je codirige le Master GDSI avec Walter Bruyère-Ostells et Benoît Pouget, et, depuis le 1er janvier 2024, je codirige le Centre méditerranéen de sociologie, de science politique et d’histoire (le laboratoire MESOPOLHIS) aux côtés de Magali Nonjon et d’Ariane Richard-Bossez. C’est dans ce cadre qu’a été organisée la “Nuit américaine”.

Comment est née votre idée de « La Nuit Américaine » ?

L’idée centrale, c’est qu’en tant qu’unité de recherche, nous nous devons d’être ouverts sur la société, et en particulier sur notre environnement proche. Ancrée dans sa triple tutelle Sciences Po Aix, AMU et CNRS, l’UMR MESOPOLHIS étudie, entre autres, les processus électoraux, les relations internationales et les enjeux de sécurité. Au vu de l’importance de l’élection 2024, il nous a semblé pertinent de mettre en avant les expertises susceptibles d’éclairer les diverses dimensions de l’événement. Outre les forces internes à l’UMR (tels Frédéric Heurtebize, chercheur en délégation au MESOPOLHIS, spécialiste d’histoire américaine, et Coralie Tauleigne, doctorante en histoire), nous avons pu compter sur le soutien et la participation des économistes de Sciences Po Aix (Adrien Vitse), des étudiants du certificat sur l’Amérique latine, dirigé par Emilie Romero, et de nos collègues d’anglais, à commencer par Rachel Joubert. Le décalage horaire permettant un suivi nocturne des résultats, nous nous sommes dits que la soirée pouvait aussi être l’occasion de confronter les informations livrées par les chaînes américaines, tout en conférant un caractère festif à l’événement. Sur ce point, je remercie vivement l’engagement de la chorale de l’École, du groupe The Skittles et des pom-pom de Sciences Po Aix.

Selon vous, quels éléments ont contribué au succès de la soirée ?

Le mélange conférences/suivi des résultats/moments festifs a bien entendu joué un rôle dans ce succès, mais la portée de l’élection a compté tout autant, sinon plus. Plus que jamais, l’élection du 5 novembre a opposé deux visions des Etats-Unis et du monde. Et dans le contexte très tendu que nous traversons (guerres en Ukraine et au Proche-Orient, conflits en Afrique, réchauffement climatique qui s’accélère, guerres commerciales…), il est difficile de ne pas être inquiets des choix faits par les États-Unis. On ne peut donc que se féliciter de l’intérêt manifesté par les 700 personnes présentes mardi soir.

Suite à l’élection de Donald Trump, quelles conséquences pourrions-nous voir émerger dans les prochaines années ?

Je fais de l’histoire, pas de la science fiction… Mais on peut imaginer que si Trump met en œuvre son programme (il a démontré lors de son premier mandat qu’il faisait ce qu’il disait), il va accentuer la division de la société américaine et continuer à replier les Etats-Unis sur eux-mêmes. La guerre commerciale avec la Chine va se poursuivre de plus belle, voire s’approfondir ; l’OTAN risque d’être très affaiblie par une éventuelle mise en retrait de Washington ; l’Ukraine sera certainement la victime d’une entente entre Poutine et Trump ; le nouveau président américain ne va probablement pas apaiser la situation au Moyen-Orient, étant donné son soutien quasi inconditionnel à Netanyahou ; enfin, vu son attachement inébranlable aux industries des hydrocarbures, il ne fera rien pour ralentir le réchauffement climatique. En bref, il y a de fortes chances pour que Trump referme une fois pour toutes la parenthèse multilatérale et interventionniste de l’histoire des Etats-Unis, parenthèse qui s’était ouverte en 1941 avec leur entrée dans la Seconde Guerre mondiale.