Sophie Doudet

À l’occasion de la sortie de son livre, La rescapée, traitant de la Guerre d’Algérie à travers les yeux de Jo et de sa petite sœur Marcelle, Sophie Doudet, Maitresse de conférences en littérature française et enseignante de culture générale à Sciences Po Aix nous partage son parcours, son rôle dans l’École et ses motivations à la rédaction de son roman.
1/ Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre parcours ?
Après une classe préparatoire littéraire, j’ai fait un double cursus lettres-philo, passé l’agrégation puis rédigé une thèse sur André Malraux tout en enseignant dans le secondaire et à l’université Paul Valéry à Montpellier.
J’ai eu le bonheur d’être nommée à Sciences Po Aix en 2000, d’abord en tant que professeur agrégée, puis en tant que Maîtresse de conférence en littérature française. J’y enseigne principalement la culture générale, la littérature française et l’histoire des arts en formation initiale, en master et dans la Prep’ ENM.
Et pour cela, je suis vraiment une enseignante comblée !
2/ Vous occupez le poste de Maîtresse de conférences et êtes directrice du master Politique culturelle et mécénat au sein de Sciences Po Aix : pourriez-vous nous en dire plus sur votre rôle ?
Du côté de l’enseignement, je propose aux étudiants de 4A des cours de culture générale, une discipline singulière et passionnante proche de l’histoire des idées ou des “humanités”, et j’accompagne les étudiants de la Prep’ENM dans la préparation des concours de la magistrature/police ce qui est une aventure très stimulante.
Dans le cadre de la direction de master, nous enseignons avec mon amie et collègue Roxana Nadim, mais surtout nous organisons la formation, sélectionnons les étudiants pour l’entrée en M1 et M2, recrutons les intervenants et gérons les plannings avec Sandra Gesbert et Paul Varaine.
Roxana a en charge l’organisation de la proposition culturelle pour l’ensemble des étudiants et les personnels de l’établissement. Notre institut est le seul à posséder un pôle des affaires culturelles et à offrir à toute la communauté la possibilité d’assister à des spectacles mais également de participer à leur production et de rencontrer un artiste associé.
Pour ma part, j’encourage les enseignants de culture générale à proposer des cours en lien avec la thématique de l’année, c’est-à-dire “Nos identités plurielles”.
Il s’agit là d’une chance formidable pour nous tous !
3/ Cette semaine, vous publiez un nouveau roman traitant de la Guerre d’Algérie : pouvez-vous nous en dire plus ?
C’est un roman destiné à la jeunesse mais surtout à celles et ceux qui aiment lire, et s’inspire de l’histoire de ma famille en Algérie des années 50 jusqu’à 1962.
Pour le réaliser j’ai notamment récolté les souvenirs de ma tante tout en les mêlant à de la fiction, des journaux d’époque conservés par ma famille, des lectures documentaires sur la guerre et ma passion pour Albert Camus. Je voulais depuis longtemps raconter l’histoire de ma mère qui a été victime du terrorisme quand elle était collégienne et la croiser avec la problématique de la pièce Les Justes de Camus que j’enseigne à Sciences Po Aix.
J’ai écrit ce roman durant l’été 2023 et puis, j’ai eu l’incroyable chance de me rendre en Algérie en novembre dernier avec mes collègues pour présenter le concours des Sciences Po du réseau au LIAD. À mon retour, j’ai repris tout le roman à la lumière, au sens propre comme figuré, de ce que j’avais vu, senti, entendu… sur place sur les traces de ma mère et de la grande Histoire.
J’espère qu’il séduira les lecteurs autant que j’ai pris plaisir à l’écrire !
4/ Quelles autres œuvres conseilleriez-vous aux étudiants intéressés par cette période historique ?
Pour tous ceux qui s’intéressent à cette période historique, ils peuvent également trouver les travaux de recherche des historiens de l’École, François Dumasy et Jean Charles Jauffret, mais aussi ceux de Raphaëlle Branche et de Benjamin Stora.
La littérature peut également donner une vision passionnante de la guerre et de l’Algérie : je pense évidemment à Camus (Chroniques algériennes, Le premier homme), Mouloud Feraoun (Le fils du pauvre sur la Kabylie), à Kamel Daoud (Meursault contre-enquête), Alice Zéniter (L’art de perdre sur les Harkis), Mauvignier (Des hommes sur les soldats français dans la guerre) ou enfin Mathieu Belezi sur la colonisation (Attaquer la terre et le soleil).