Marine Vadelorge
La Fondation Konrad-Adenauer est un laboratoire d’idées allemand, qui œuvre dans le monde entier pour la promotion de la démocratie, de l’État de droit et du dialogue international. Marine Vadelorge, attachée de recherche au sein de la Fondation, nous explique pourquoi celle-ci est devenue un soutien clé du Brussel’s World Simulation et nous fait part de son expérience lors de l’édition 2024 du serious game.
Pourquoi la Fondation Konrad Adenauer a-t-elle choisi de soutenir le Brussels World Simulation ?
La Fondation Konrad Adenauer soutient le BWS parce qu’il offre une immersion singulière dans ce qui fait l’ADN de l’Europe : la négociation, l’écoute et la recherche du compromis. Pour nous, qui côtoyons quotidiennement des responsables politiques, c’est toujours inspirant de voir de jeunes profils s’élancer avec autant d’enthousiasme dans une simulation comme celle-ci, qui s’étire sur plusieurs semaines et demande rigueur et éloquence. Le BWS permet aux étudiants de toucher du doigt la complexité de la décision européenne tout en développant un véritable esprit de responsabilité démocratique. Tel est l’objectif au cœur de la mission de notre Fondation, c’est la raison pour laquelle le BWS nous touche particulièrement. Nous portons des valeurs de coopération, d’Etat de droit, de solidarité européenne aussi, et voir des jeunes s’exercer à les mettre en pratique, parfois même sans s’en rendre compte, donne du sens à notre travail.
Que retenez-vous de votre participation à l’édition 2024 du jeu ?
Ce qui m’a frappée l’année dernière, c’était la manière dont les étudiants se sont révélés dans l’exercice. Certains se prennent au jeu avec une passion communicative, d’autres avec beaucoup de sérieux et de fébrilité. On ressentait que les plénières marquaient l’aboutissement d’une partie importante de leur cursus.
Je me souviens encore de la représentante de Dassault et de sa rhétorique audacieuse : une ambassadrice en devenir, à n’en pas douter ! Ou encore d’un Giorgio Gori brillamment interprété par une étudiante épatante d’espièglerie. C’est cette capacité à se dépasser, à négocier avec conviction et finesse, qui rend notre participation au jury à la fois exigeante… et enthousiasmante. Je suis impatiente que les plénières commencent pour voir la nouvelle promotion à l’œuvre !
Au-delà de la compréhension des institutions européennes, que retirent les étudiants de cette expérience immersive ?
Ils apprennent à négocier « pour de vrai » : gérer des alliances, anticiper des contre-stratégies, défendre un mandat sans perdre de vue l’intérêt commun. Le BWS les plonge dans une dynamique collective où l’on découvre autant les autres que soi-même finalement. Ils en ressortent non seulement avec des compétences concrètes, mais aussi avec une nouvelle confiance dans leur capacité à agir dans un environnement européen complexe, qui pouvait leur sembler opaque avant de débuter la simulation.
C’est également un exercice d’adaptation. Chaque promotion découvre avec une certaine fébrilité l’attribution des rôles : dans quelle « famille » va-t-on évoluer ? Avec quelles valeurs devra-t-on composer ? Et surtout : comment incarner un rôle dont on ne partage pas nécessairement les idées ? Cette distance, je dirais même parfois ce décalage, oblige à se dépasser. Elle pousse à nuancer, à approfondir son personnage, à comprendre l’autre côté du plateau, et même à observer la vie politique avec de nouvelles lunettes.
Qu’on se sente proche ou non du rôle attribué, cette expérience est profondément enrichissante. Elle oblige à élaborer des stratégies, à tester des approches, à apprendre à convaincre autrement. Et ces apprentissages-là accompagneront les étudiants bien au-delà du jeu, quelle que soit la carrière qu’ils choisiront par la suite.
Quel rôle voyez-vous pour les jeunes participants du BWS dans l’avenir de la construction européenne ?
Les étudiants qui passent par le BWS forment une génération particulièrement prometteuse selon moi : lucide sur les défis européens, mais aussi engagée dans la recherche de solutions. Leur apprentissage des logiques de négociation, du sens de la coopération et leur goût pour le débat éclairé en font des acteurs appelés à jouer un rôle clé dans la construction européenne. De les voir se prendre au jeu si sérieusement pour la plupart, même en dehors de la plateforme, me conforte dans cette idée. L’année dernière, deux étudiantes ont même rencontré les eurodéputées qu’elles incarnaient à Bruxelles. Nul doute que cette génération aura envie à l’avenir de porter haut les couleurs de l’Europe et de peut-être, un jour, jouer leur propre rôle dans les hautes sphères européennes. Ou pas, d’ailleurs, mais dans tous les cas, j’ai cet espoir qu’ils incarnent une Europe qui se pense, se discute, se construit ensemble, une Europe vivante, portée par des talents prêts à prendre le relais.
Tout cela ne serait pas possible sans l’engagement déterminant de leurs professeurs et responsables pédagogiques. Je profite donc de cet espace de parole pour remercier toute l’équipe encadrante, à commencer par le maître du jeu, Philippe Aldrin, qui continue d’améliorer ce serious game, année après année, et Odile Radisse, pour son implication et notre bonne collaboration.