Accueil Portraits Christian Taoutel
Professeur invité

Christian Taoutel

Christian Taoutel, docteur en histoire contemporaine de l’Université de Bordeaux – Michel de Montaigne, est professeur à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, où il dirige le département d’Histoire et de Relations Internationales. Spécialiste de l’histoire du Liban et du Proche-Orient, il a travaillé sur les deux Guerres mondiales, la Grande Famine du Mont-Liban et l’histoire des jésuites.

Invité par Nicolas Badalassi, professeur d’histoire contemporaine à Sciences Po Aix, il invite à penser l’enseignement au prisme de la liberté, de l’ouverture critique et de l’engagement intellectuel.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours académique ?

Après avoir poursuivi mes études scolaires au collège jésuite du Liban durant les années de guerre, j’ai entamé un parcours universitaire en Histoire et Relations internationales à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, où j’ai obtenu successivement une licence, une maîtrise, puis un DEA. Pour ma thèse de doctorat, j’ai choisi de m’orienter vers le parcours « Monde arabe et musulman » en Histoire contemporaine, à l’Université Michel de Montaigne – Bordeaux III.

Parallèlement à mon cursus universitaire, j’ai eu l’opportunité d’enseigner dans plusieurs établissements scolaires pendant 19 années, tout en occupant diverses fonctions à l’Université Saint-Joseph.

Pourquoi avoir choisi d’enseigner l’Histoire à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth ?

L’Université Saint-Joseph (USJ), véritable phare de l’excellence académique au Liban depuis plus de 150 ans, s’est imposée comme un choix à la fois naturel et évident pour moi. Ayant effectué ma scolarité au sein d’un collège jésuite durant les années de guerre, il m’était tout à fait cohérent de poursuivre mon parcours universitaire au sein d’une institution jésuite aussi prestigieuse. L’USJ incarne les valeurs d’exigence, de rigueur intellectuelle et d’engagement que j’avais déjà intégrées au cours de mon éducation, et qui continuent de guider mon chemin académique et professionnel.

Invité par Nicolas Badalassi, Professeur d’histoire contemporaine à Sciences Po Aix, quel sera votre rôle dans l’École au cours des deux prochaines semaines ?

Sur invitation du Professeur Nicolas Badalassi, j’aurai l’honneur d’animer un séminaire sur la géopolitique du Moyen-Orient, en prenant le cas du Liban comme échantillon d’analyse. Dans cette région du monde en perpétuel bouleversement, déchirée par des tensions multiformes, se concentrent tous les éléments permettant de décrypter les enjeux politiques, culturels, économiques mais aussi passionnels qui secouent non seulement le Moyen-Orient, mais influencent également les équilibres mondiaux.

Vous êtes « Chevalier des arts et des lettres » depuis 2022, et avez reçu la distinction du Mérite culturel Ukrainien en 2023 et le prix de l’Organisation internationale de la Francophonie en mars 2024 : votre quotidien a-t-il changé depuis ? De quelle manière ?

Ces distinctions ne changent pas mon quotidien dans son essence, puisque je continue d’enseigner, de réfléchir, d’écrire et de m’engager avec la même passion, mais elles me donnent une résonance nouvelle. Ce sont des reconnaissances qui me touchent profondément, car elles viennent souligner des engagements que je mène parfois dans la discrétion.
Ces distinctions m’ouvrent aussi des portes, des réseaux, des espaces d’échange plus larges. Mais elles ne sont pas une fin en soi.

Avez-vous des conseils pour les étudiants de Sciences Po Aix ?

Comme je viens d’une région du monde où la liberté se paie en sang, je dirais aux étudiants de Sciences Po Aix : cultivez votre esprit critique. Ne craignez pas l’engagement citoyen ou simplement humain. Les parcours ne sont pas toujours linéaires, parfois, les détours s’imposent. Ne perdez jamais le sens de l’intégrité, puisque le seul combat qui vaille véritablement, c’est celui de la liberté et de la démocratie.